Page:Historia diplomatica Friderici secundi - Préface et introduction.djvu/42

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dix autres qui sont datées selon l’ère de l’Incarnation sicilienne. Ces vingt pièces comme les précédentes portent uniformément les mots anno dominicae incarnationis. De cette différence entre les deux termes de la proportion à seize ans de distance, faut-il conclure à un retour systématique vers une manière de compter plus conforme à la formule adoptée en principe? Nous ne le pensons pas. Tout ce qu’on pourrait dire en général, c’est que pendant la première moitié du règne de Frédéric, l’habitude de compter l’année comme nous la comptons aujourd’hui est prédominante, et qu’à partir de 1230 ou environ, l’usage d’indiquer l’année suivant l’ère réelle de l’Incarnation devient beaucoup plus fréquent.

Frappé de cette singulière variation, nous avions d’abord pensé qu’elle avait pour motif le désir de se conformer au calcul du pays auquel tel ou tel diplôme était destiné, et nous avions entrepris d’opérer un classement sur cette base. Mais après un travail aussi long que fastidieux, nous avons rencontré tant d’incertitudes et de contradictions, que nous avons fini par reconnaître l’impossibilité absolue de distinguer catégoriquement les actes datés suivant notre calcul actuel de ceux qui en réalité sont datés suivant l’ère de l’Incarnation. On ne peut que s’en tenir à cette opinion, que la chancellerie de Frédéric Il a suivi indifféremment et simultanément, au gré des notaires qui rédigeaient les diplômes, les deux manières de compter l’année, en se servant pour l’une et pour l’autre d’une même formule.

Le plus savant historiographe de la Sicile, Rocco Pirri, a dit avec autant de justesse que de prudence: « Si les Siciliens ont suivi dans le calcul de leurs années de l’Incarnation le système de Denis le Petit, je ne vois pas cependant qu’ils aient établi de différence entre les années de l’Incarnation et celles de la Nativité[1]. » L’étude des actes de l’empereur Frédéric II vient tout à fait à l’appui de cette remarque, car nous ne doutons pas que dans toutes les pièces où la formule anno dominicae incarnationis paraît en désaccord avec le millésime exprimé, il ne s’agisse réellement de l’ère de la Nativité. Mais on comprendra facilement combien les preuves doivent en être rares, si l’on réfléchit que pour les obtenir il faut

  1. R. Pirri, Eccles. Panormit. notit., ad ann. 1144, p. 90.