Page:Historia diplomatica Friderici secundi - Préface et introduction.djvu/45

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

incarn. millesimo ducentesimo nono decimo, tertio idus sept., sexte indictionis (t. I, p. 556–557). Datum apud Ulmam, anno dom. incarn. milles. ducentesimo nono decimo, quarto decimo calendas octobr., indict. septima (t. I, p. 565); tous trois pour des monastères situés en Bavière. Mais y a-t-il encore là des éléments suffisants pour établir que la chancellerie ait alors suivi l’ère pisane? Ces pièces sont toutes de la même époque (10, 11 et 18 septembre) et se trouvent entremêlées parmi d’autres pièces datées régulièrement du millésime 1218. Cette adoption du calcul pisan, en l’admettant comme certaine, nous semblerait plutôt l’effet d’un caprice que le résultat d’un système de comput, reçu même passagèrement à la cour de Frédéric. Quand les Bénédictins parlent de diplômes expédiés en Italie, je crois qu’ils ont été induits en erreur ou par la lecture de quelque copie mal datée[1], ou par suite d’une confusion entre l’ère de l’Incarnation sicilienne ou florentine, et l’ère de l’Incarnation pisane. Pour moi, à dater de 1207, je n’en connais aucun exemple avéré, et si Frédéric eût adopté quelquefois cette manière de compter l’année, assurément il en aurait fait usage dans ses diplômes délivrés en faveur des Pisans eux-mêmes; ce qui n’est pas. Au contraire, ces pièces portent toutes l’année de l’Incarnation sicilienne, conforme de fait à notre année vulgaire, puisqu’elles ont été délivrées au mois de novembre 1220 et au mois d’avril 1229. Dans l’hypothèse de l’ère pisane, elles devraient porter les dates de 1221 et 1230.

Le seul moment où l’on puisse dire que Frédéric II ait suivi réellement dans ses actes l’ère de l’Incarnation pisane, se rapporte à l’époque de sa minorité, quand la Sicile était en proie aux factions et que la personne

  1. Cette cause d’erreur a entraîné un diplomatiste consommé, M. N. de Wailly, à dire dans ses Éléments de paléographie, t. I, p. 298: « On a des chartes de cet empereur datées selon le calcul pisan. En voici un exemple rapporté par les Bénédictins: « Datum apud Pisas, anno » dom. inc. M. CC. XLV, mense augusti, II indictione. » L’indiction II convient en effet à l’année 1244 et non à 1245, et comme l’acte est daté de Pise, on doit naturellement supposer qu’on y a suivi le calcul pisan. » Mais la citation de la date empruntée à dom Vaissette est fautive; Vaissette a lu 1245, quand l’original conservé aux Archives de l’empire (J. 303, no 6) porte en toutes lettres: anno dom. inc. millesimo ducentesimo quarto. Par conséquent cette pièce ne prouve absolument rien en faveur de l’ère pisane.