Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/108

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

car tout ainsi qu’une pierre, dont la figure est raboteuse et irrégulière, qui se met en œuvre malaisément, et fait perdre aux autres plus de place qu’elle n’en occupe, si la dureté de sa matière ne permet point qu’elle soit taillée, est enfin rejetée comme malpropre et incommode au bâtiment ; pareillement, un homme, qui, par la rudesse de son esprit, veut retenir des choses qui lui sont superflues, et ôter à autrui ce qui lui serait nécessaire, qui demeure opiniâtre et incorrigible, devient à charge, fâcheux, et incommode à tout le monde, très malpropre à entrer dans la société civile. En effet, puisque ce n’est pas tant seulement avec juste raison, mais par quelque nécessité naturelle, que chacun s’effor­ce de tout son possible d’acquérir les choses nécessaires a sa conservation ; s’il se rencontre quelqu’un, qui s’opiniâtre à retenir les superflues, ce sera par sa faute que la guerre en naîtra ; parce que rien ne l’oblige à émouvoir cette dissension. Il choque en ce déraisonnable procédé la loi fondamentale de nature ; suivant laquelle je tire cette conclusion, comme démontrée, que chacun doit se rendre souple et maniable aux intérêts d’autrui, qui ne renversent pas les liens propres et nécessaires. Celui qui enfreint cette loi est barbare, ou pour m’expliquer plus doucement, fâcheux, et incom­mode à la société civile.


X. La cinquième loi de nature est qu’il