Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/109

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faut pardonner les fautes passées à celui qui s’en repent et qui en demande pardon, en prenant toutefois des assurances pour l’avenir. Le pardon du passé, ou la rémission de l’offense, n’est autre chose que la paix qu’on accorde à celui qui la demande, plein de repentir d’une action par laquelle il provoquait à la guerre. Mais la paix qu’on accorde à une personne qui ne se repent point, c’est-à-dire qui conserve un cœur ennemi, ou qui ne donne point des assurances pour l’avenir, n’est pas tant une paix, qu’un effet honteux de la crainte : et par consé­quent, ce n’est pas la nature qui nous l’ordonne. Au reste, celui qui ne veut pas par­don­ner à une personne qui se repent, et qui lui donne pour l’avenir toutes les assuran­ces qu’il doit désirer, montre en cette obstination que c’est la paix qui lui désagrée. Ce que je tiens entièrement contraire aux lois de la nature.


XI. La sixième loi de nature est qu’en la vengeance ou imposition des peines il ne faut pas regarder au mal passé, mais au bien à venir. C’est-à-dire, qu’il n’est permis d’imposer quelque peine, à autre dessein qu’à celui de corriger le coupable, ou de rendre meilleurs ceux à qui le supplice servira d’exemple. je confirme cela, première­ment de ce que, par la loi naturelle démontrée en l’article précédent, chacun est obligé de pardonner à autrui, pourvu qu’il prenne des précautions pour l’avenir. D’ailleurs, parce que