Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/154

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tous les citoyens d’une même ville, et même les compagnies qui composent une personne civile sous ordonnée.


XII. J’ai montré assez clairement, par ce que je viens de dire, comment et par quels degrés c’est, que plusieurs personnes sont passées de l’état de nature en la société civile, et ont formé un corps de république pour leur conservation commune, et cela par une crainte mutuelle qu’ils ont eue les uns des autres. Au reste ceux que la crainte fait soumettre, ou ils se rangent sous la puissance de celui qu’ils craignent, ou sous celle de quelque autre duquel ils espèrent la protection. La première façon se pratique par ceux qui sont vaincus en guerre, qui se rendent à leurs ennemis, afin de sauver leur vie ; et l’autre par ceux qui ne sont pas encore vaincus, mais qui craignent de l’être. En la première sorte, l’origine de la société est purement naturelle, comme ce sont les forces naturelles qui réduisent les plus faibles aux termes de l’obéissance. Mais en l’autre, la société se contracte par un dessein formé par la prévoyance et du consentement des parties. D’où naissent deux différentes espèces de domination, l’une naturelle, comme la paternelle et despotique (selon les termes de l’École), et l’autre instituée et politique. En celle-là, le souverain s’acquiert des sujets tels qu’il lui plaît. En celle-ci, les sujets établissent un souverain à leur fantaisie, tantôt un homme seul, tantôt