Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/176

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manière de tribut, ou en paiement d’une dette ; on ne peut point intenter action sur le premier sujet ; car ce n’est pas à un bourgeois de s’enquérir si la ville a le droit de faire quelque imposition. Mais en l’autre cas, il est permis d’agir contre la ville, parce qu’elle ne prétend point ôter le sien à personne par quelque petite finesse. Elle agit plus noblement et n’a pas besoin de chercher de prétexte. Ceux donc qui m’ont objecté en cet endroit que, par mes maximes, il serait aisé à un prince d’acquitter ses dettes, n’ont pas bien compris le sens de mes paroles. »


XVI. Le larcin, le meurtre, l’adultère et toutes sortes d’injures sont défendus par les lois de nature. Mais ce n’est pas la loi de nature qui enseigne ce que c’est qu’il faut nommer larcin, meurtre, adultère, ou injure en un citoyen. C’est à la loi civile qu’il faut s’en rapporter. Car ce n’est pas larcin, que d’ôter simplement à quelqu’un ce qu’il possède, mais bien quand on ôte à autrui ce qui lui appartient. Or, c’est à la loi civile à déterminer ce qui est à nous et ce qui est à autrui. Pareillement, tout homicide n’est pas meurtre, mais bien quand on tue celui que la loi civile défend de faire mourir. Ni ce n’est pas un adultère que de coucher avec une femme, mais seulement d’avoir à faire à une que les lois civiles défendent d’approcher. Enfin, c’est faire tort à quel­qu’un que de lui fausser parole, lorsque ce qu’on lui avait promis était chose