Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/227

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X. Le père de famille, les enfants et les serviteurs de la maison, réunis en une personne civile par la force de l’autorité paternelle, sont ce qui forme le corps d’une famille. Mais si elle s’augmente par la multiplication d’une féconde lignée et par l’acquisition de quantité de serviteurs, en sorte qu’elle ne puisse pas être vaincue sans le hasard d’une bataille, elle mérite d’être nommée un royaume patrimonial. Or, ce royaume, bien qu’acquis avec violence, et que différent de la monarchie instituée, en son origine et en la manière de son établissement, si est-ce qu’étant une fois établi, il a toutes les mêmes propriétés et prérogatives, le droit de l’empire est égal en l’un et en l’autre, et il n’est pas besoin de rien ajouter ici séparément, car ce que j’ai dit sert à tous les deux.


XI. Voilà en peu de mots par quel droit les souverainetés ont été établies, il me faut maintenant montrer sous quels titres s’en fait la continuation, c’est-à-dire, d’où dépend ce qu’on nomme le droit de succession. En l’État populaire, comme la puissance souveraine réside dans le peuple, et comme ce corps est immortel, il n’y faut point chercher de successeur ; ni aussi dans l’État aristocratique, où dès qu’un des membres meurt, un autre est substitué en sa place, ne se rencontrant jamais que tous viennent à faillir en même temps ; de sorte que la question du droit de succession regarde uniquement la monarchie absolue. Je dis absolue,