Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/301

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de quelque parti­culier, sans l’aveu et l’autorité de celui, ou de ceux qui gouvernent la république. De sorte que la faction est comme un nouvel État qui se forme dans le premier : car tout de même que la première union des hommes les a tirés de l’état de nature pour les ranger sous le gouvernement d’une police, la faction les soustrait à celle-ci par une nouvelle union des sujets entièrement irrégulière. Selon cette définition, une multi­tude de sujets, qui se sont obligés d’obéir absolument à quelque prince étranger, ou à quelque particulier, ou qui ont fait ligue défensive contre tous autres, sans en excepter leurs souverains, mérite d’être nommée une faction. Même un trop grand crédit parmi le peuple, si la réputation d’une personne est telle qu’on en peut au besoin dresser une armée, et qu’il faille que le public prenne de ce particulier des otages, ou quelque autre assurance, enferme une espèce de faction dans l’État. Il faut dire le sem­blable des richesses si elles sont immodérées, parce que toutes choses leur obéissent. S’il est donc vrai (comme il n’en faut pas douter) que l’état naturel des diverses sociétés civiles entre elles est un état de guerre, les princes qui laissent naître ou croître une faction dans leurs royaumes, font le même que s’ils y recevaient les ennemis. Ce qui est contre le bien des sujets et par conséquent contre les lois de nature.