Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/330

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contre la raison de l’État, c’est-à-dire contre les lois.


XVIII. Cependant il n’y a rien de plus certain que l’on peut transgresser les lois par infirmité humaine, quoique au fond on désire de les observer ; mais cela n’empê­che pas qu’on ne blâme avec raison et qu’on ne nomme une offense une telle action comme contrevenante à la justice. Il y a des personnes qui méprisent les lois toutes fois et quantes qu’il y a apparence de gain et d’impunité, et qui ne s’empêchent de les enfreindre par aucun scrupule de conscience, quelque promesse ou quelque parole qui ait été donnée ; ce ne sont pas les actions tant seulement de cette sorte de gens qui contreviennent aux lois, leur esprit est le premier dans le dérèglement : mais ceux qui ne pèchent que par infirmité, même lorsqu’ils faillent, ne méritent pas de perdre le titre de gens de bien ; là où les autres ne laissent pas d’être des méchants, encore qu’ils ne commettent point de crime. Or, quoique l’un et l’autre, l’âme et l’action, répugnent aux lois, on distingue néanmoins par divers noms ces répugnances. Car, l’irrégularité de l’action se nomme injustice, et celle de l’esprit est proprement malice et méchan­ceté. La première est une infirmité qui vient ensuite de quelque perturbation de l’âme, dans laquelle le plus souvent on n’est pas à soi-même ; mais la dernière est une malice