Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/331

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concertée, l’âme y agit sans trouble, et sait bien ce qu’elle fait.


XIX. Or, s’il n’y a point d’offense qui ne soit contre quelque loi, ni aucune loi qui ne soit un commandement du souverain ; et s’il n’y a point de souverain à qui nous n’ayons donné sa puissance par notre consentement, comment dira-t-on que celui-là pèche qui nie l’existence ou la providence de Dieu, ou qui vomit contre lui quelque autre blasphème ? Car, il alléguera qu’il n’a jamais soumis sa volonté à celle de Dieu, duquel même il n’a pas cru l’existence. Et que quand bien son opinion serait fausse, et du rang des offenses, elle ne saurait pourtant être comprise que par­mi les péchés d’imprudence, ou d’ignorance, qu’on ne peut pas punir légitimement. Il me semble que ce discours ne doit être reçu qu’avec restriction et qu’on n’en peut accorder tout au plus que cette partie, à savoir que ce péché d’athéisme, quoiqu’il soit le pire et le plus pernicieux de tous, doit être rapporté aux péchés d’impru­dence* ; mais c’est une chose absurde de penser que cette imprudence, ou que cette ignorance le rende excusable. Il est vrai qu’un athée n’est point puni, ou de Dieu im­médiatement, ou des rois que Dieu a établis au-dessous de sa majesté, en qualité de sujet, parce qu’il n’a pas observé les lois, mais comme un ennemi qui n’a pas voulu les recevoir ; c’est-à-dire, il est puni par le droit