Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/372

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  • [Qu’il faudrait le faire.] « J’ai dit en l’article XIV de ce chapitre que ceux qui prescrivent des bornes à Dieu offensent la loi naturelle touchant son culte. Maintenant j’ajoute que ceux qui adorent Dieu sous une image lui donnent des limites et qu’ainsi ils font ce qu’il ne faudrait pas faire ; d’où il semble que ce dernier passage soit contraire au précédent. Sur quoi il faut savoir première­ment, que ce ne sont pas ceux qui, contraints par la force du commandement, adorent Dieu de cette sorte, que l’on doit accuser de mettre des bornes à la nature divine, mais bien ceux qui publient cette injuste ordonnance ; car ceux qui adorent à contrecœur, ne laissent pas d’adorer véritablement, et font leurs cérémonies en un lieu où le légitime souverain leur a commandé de les faire.

Secondement, je ne dis pas qu’il le faille faire toujours et partout, mais supposer qu’il n’y a point d’autre règle du service divin que ce que dicte la raison humaine ; car, alors la volonté de l’État tient lieu de raison. Mais dans le règne de Dieu par l’alliance nouvelle ou ancienne, où l’idolâtrie est expressément défen­due, bien que l’État le commande, si est-ce qu’il ne faut point le faire. Et je pense que si ceux qui ont estimé qu’il y avait de la contrariété entre cet article et le quatorzième, consi­dèrent bien ce que je viens de dire, ils n’auront plus de sujet de demeurer dans leur opinion. »