Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/470

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touchant la signification de ce terme tout ; car s’ils entendent, lorsqu’ils disent qu’une chose est toute en quelque part, qu’il n’y peut avoir rien d’elle ailleurs, il sera faux qu’une même chose puisse être en même temps en plusieurs endroits : de sorte que cette vérité dépend du commun consentement des hommes ; et il en est de même de toutes les autres questions du droit et de la philosophie. Et ceux qui pensent qu’on peut établir quelque proposition par des passages obscurs de la Sainte Écriture, contre ce commun consentement des hommes, en ce qui est des noms que l’on doit donner aux choses, nous veulent priver de l’usage du discours, et bouleversent par même moyen toute la société humaine. En effet, celui qui aurait vendu un champ pourrait dire qu’il est tout dans une seule motte de terre, et là-dessus retenir tout le reste, comme n’ayant pas été vendu. Voire on ôte entièrement la raison, qui n’est autre chose que la recherche de la vérité que l’on ait sur la supposition de ce consentement. C’est pourquoi il n’est pas nécessaire que l’État vide ces questions par l’interprétation de la Sainte Écriture ; car elles n’appartiennent pas à la parole de Dieu, prenant cette dernière en la signification d’une parole qui traite de matières divines, c’est-à-dire de la doctrine évangélique ; et celui qui gouver­ne dans un État chrétien n’est pas obligé d’employer à la décision de ces difficultés des docteurs de l’église,