Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/513

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que ce judicieux auteur vogue en haute mer, et qu’il ne s’approche point des côtes, où il sait bien que la navigation est plus dangereuse. Il ne fait aucune application de ses pensées aux États particuliers qui gouvernent le monde, et sans avoir aucun égard à tout ce qu’on y pratique, il donne une idée générale du fondement de toutes les politiques accommodées aux préceptes du christianisme. Or, c’est en cette dernière intention que plusieurs estiment qu’il a donné prise à ses ennemis, et c’est la troisième partie de son ouvrage que ceux-là approuvent moins qui se piquent d’avoir la conscience délicate.

Il semble à plusieurs que dès qu’on n’est point tout plongé dans les controverses, on est hors des bons sentiments et que les disputes sont la principale partie de notre religion. Aussi nous voyons qu’on s’y exerce bien davantage qu’à ce qu’il y a de positif et d’essentiel à la piété, et que d’ordinaire ceux qui veulent rendre raison de leur foi, croient de s’en bien acquitter s’ils font une longue liste des erreurs auxquelles ils renoncent, plutôt qu’un dénombrement solide des vérités qu’ils embrassent. Certai­nement, il y aurait de quoi s’étonner qu’on préfère la spéculation