Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/86

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que tout ce qui se fait volontairement est fait pour quelque bien de celui qui veut, on ne peut assigner aucune marque de volonté de celui qui donne, si ce n’est quelque avantage qui lui revient, ou qu’il espère de la donation. Et on suppose qu’il n’en a recueilli aucun, et qu’il n’y a aucun pacte précédent qui oblige la volonté : car autre­ment ce ne serait pas une donation libre. Il reste donc qu’elle soit fondée sur l’espé­rance du bien réciproque, sans aucune condition exprimée. Or je ne sache aucune preuve par laquelle il constate, que celui qui s’est servi des paroles du futur envers celui qui ne lui aurait aucune obligation réciproque de son bienfait, veuille qu’elles le lient particulièrement. Et il n’y a aucune raison qui doive obliger ceux qui veulent du bien à un autre, en vertu de quelques paroles affectueuses, dont ils lui ont témoigné leur bienveillance. Voilà Pourquoi il faut imaginer en celui qui promet à l’avenir, et qui ne donne pas effectivement, une tacite réserve qu’il fait de délibérer, et de pouvoir changer son affection, si celui à qui il promet change de mérite. Or celui qui délibère est libre, et n’a pas donné encore. Il est vrai que s’il promet souvent, et ne donne jamais, il encourt enfin le blâme de légèreté, comme on en fit autrefois des reproches à cet empereur, qu’on nomma Doson, parce qu’il disait toujours « je donnerai ».


IX. L’action de deux, ou de plusieurs personnes, qui transigent mutuellement de leurs