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Page:Hobbes - De la nature humaine (Trad. Thiry d’Holbach), 1772.djvu/50

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DE LA NATURE

ſe ſont ainſi ſuccédé de toute éternité. L’expérience ne fournit aucune concluſion univerſelle. Si les ſignes montrent juſte vingt fois contre une qu’ils manquent, un homme pourra bien parier vingt contre un ſur l’événement, mais il ne pourra pas conclure que cet événement eſt certain. On voit par-là clairement que ceux qui ont le plus d’expérience peuvent le mieux conjecturer, parce qu’ils ont le plus grand nombre de signes propres à fonder leurs conjectures : voilà pourquoi, toutes choſes égales, les vieillards ont plus de prudence que les jeunes gens ; car ayant vécu plus long-tems ils ſe ſouviennent d’un plus grand nombre de choſes, & l’expérience n’eſt fondée que ſur le ſouvenir. Pareillement les hommes d’une imagination prompte ont, toutes choſes égales, plus de prudence que ceux dont l’imagination eſt lente, parce qu’ils obſervent plus en moins de tems. La prudence n’eſt que la conjecture d’après l’expérience,