Page:Hobbes - Léviathan - Tome I.djvu/113

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fait de la longueur d’un compte, car alors il est exposé à oublier son début[1]. Tous les hommes en effet raisonnent également de par leur nature, et, ils raisonnent bien quand ils ont de bons principes[2]. Car qui donc serait assez stupide pour [tout à la fois] se tromper en Géométrie et persister dans son erreur quand on la lui a montrée ?

La Science. — De ceci, il apparaît que la Raison n’est pas, comme la Sensation et la Mémoire, née avec nous, ni acquise par la seule Expérience, comme l’est la Prudence, mais [qu’on l’atteint] par l’Industrie : tout d’abord, par la juste imposition des Noms, en second lieu[3], par [l’emploi d’] une Méthode bonne [et ordonnée] qui consiste à partir des [Éléments que sont les] Noms pour arriver aux Assertions[4] [faites de la Connexion des noms les uns avec les autres], et, de là[5], aux Syllogismes [qui sont les Connexions d’une Assertion à une autre], jusqu’à ce que l’on parvienne enfin à une connaissance de toutes les Conséquences des noms qui se rapportent au sujet dont on s’occupe et c’est cela qu’on appelle Science[6]. Et, alors que la Sensation et la Mémoire ne sont que la connaissance du Fait, [c’est-à-dire d’une chose passée et irrévocable, ] la Science est la connaissance des Conséquences [et de la dépendance] d’un fait par rapport

  1. Plus exactement : « quelque chose de ce qui précède ».
  2. Le latin dit : « également et bien de par leur nature, quand ils partent de principes vrais et clairs ».
  3. Le latin dit : « ensuite ».
  4. « Propositio » en latin.
  5. Le latin dit : « et des propositions ».
  6. Le latin dit : « … de toutes les conséquences des noms qui se rapportent à la Science ».