Page:Hoche, Le faiseur d'hommes et sa formule, Librairie Félux Juven, 1906.djvu/32

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Des compagnons de l’inconnu sans doute et qui préféraient battre en retraite plutôt que d’affronter ma présence. Mais pourquoi avaient-ils peur de moi ? Pourquoi d’autre part semblaient-ils nicher, tels des hiboux, dans les plus noires excavations de ce promontoire ? Peut-être parce que les terres basses, éventrées par d’anciennes convulsions telluriennes, ne présentaient plus qu’une succession de ravins envahis par la mer. Cette hypothèse expliquait que la veille, au cours de mon inspection à vol d’oiseau, je n’eusse pu saisir nulle trace d’activité humaine. Mais alors pourquoi se sauvait-on à mon approche ? Comment expliquer le vol du livre et la fuite éperdue de l’homme étrange qui avait commis ce piètre larcin ?

Ces questions se pressaient l’une après l’autre dans mon cerveau vigilant, s’imposaient à mes nerfs même, surexcités par une sensation de mystère grandissant, presque palpable. Un peu haletant, je m’assis sur un bloc de quartz, et j’en profitai pour m’éponger copieusement, car une température d’étuve régnait de nouveau dans cette partie du couloir, et la flanelle de ma blouse-chemise était traversée. En même temps je prêtais l’oreille, et j’entendis très distincte-