Page:Hoche, Le faiseur d'hommes et sa formule, Librairie Félux Juven, 1906.djvu/58

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aucune trace et le soleil reparaît triomphant, invincible, comme s’il n’avait pas plu depuis des années et qu’il ne dût plus pleuvoir jamais. En Europe au contraire c’est la pluie qui invariablement, vous communique la décourageante impression de ne jamais devoir cesser, tandis que le soleil disparu vous incite à croire à une irrémédiable et définitive catastrophe. Les mœurs mêmes de nos amis, si profondément différentes des nôtres, ne nous gênaient d’aucune façon, parce que ces différences portaient sur des détails trop intimes pour que nos rapports purement superficiels en pussent être affectés. Et d’abord il faut dire tout de suite que toute la nation Pur se bornait à une trentaine d’individus, de même que les districts, sur lesquels ils semblaient régner, ne mesuraient guère plus d’une dizaine de kilomètres le long des deux bords de la rivière.

Ce qui ne les empêchait pas de parler de leur pays en gens sevrés de toute notion de géographie comparée et enclins à se prendre, eux et leur île, pour le centre de l’univers. Leur campong, pour me servir de l’expression malaise, s’élevait à mi-côte d’un plateau commandant les ravins, les gorges, les défilés, toutes les dépressions creusées par le feu plutonien