Page:Hoche, Le faiseur d'hommes et sa formule, Librairie Félux Juven, 1906.djvu/88

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pour que nous quittions la place, et comme elle me prenait le bras, je cédai, congédiant à regret le pion qui me chevauchait l’intellect et la langue, prêt à interpréter la magnifique leçon de choses transformiste issue de mon coup de sabre.

Nous avions fait quelques pas à peine, quand Yvonne, d’une pression du coude m’arrêta, et dit :

— Il faut rebrousser chemin.

Mes regards remontèrent la pente du ravin. Le monstre maintenant se découpait, immobile dans l’orbe clair de l’entrée, et il hurlait à pleins poumons. Des clameurs lointaines lui répondaient sur le même mode, plus effrayantes encore parce qu’on ne voyait pas les êtres qui les poussaient. Nous cessâmes d’avancer afin de nous rendre compte.

En peu d’instants les voix parurent s’être rapprochées considérablement. Et un frisson nous saisit à la pensée que c’était nous qu’elles menaçaient.

— Il serait, je crois, imprudent, observa ma femme, de continuer dans cette direction. Mieux vaut revenir sur nos pas, et nous enfoncer dans le ravin jusqu’à ce que nous trouvions une issue sur les collines Purs.