Page:Hoefer - Biographie, Tome 26.djvu/419

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Ifi’ant gardé le silence, Joiuville sortit tout triste i conseil, et se vit l’objet de nouvelles attaques § ; de nouveaux sarcasmes. Au repas qui suivit , l] roi, contre son habitude, ne lui parla pas

nt comme le manger dura , ce qui , dit oinville , me fit cuider qu’il fast courroucé 1 mtremoi. S’étant retiré pendant que le roi disait ||:s grâces, vers une fenêtre où, les mains pasiiîes dans les barreaux, triste et pensif, il sonîait à aller demander du service à son cousin il prince d’Antioche, tout à coup quelqu’un, i appuyant sur ses épaules, vint lui poser les lains sur la tête. Il reconnut que c’était le roi , ■ une émeraude qu’il avait en son doigt, et it tout consolé quand il l’entendit lui dire qu’il éprouvait son conseil et lui savait gré du couige qu’il avait mis à le soutenir, qu’il le suiu rai t ; mais il lui défendit de parler de son départ. ■ Joinville accompagna ensuite le roi dans tous ■ ;s voyages et dans ses expéditions en Pales-Inc : à Césarée, à Jaffa, à Tyr et à Sidon. ■ ’est après le départ des frères du roi pour la « rance et avant que saint Louis se rendît à Célirée, dont il releva les remparts, que Joinville

Mnposa, vers 1252, le Credo qui nousaétécon-I

îrvé, et où il mentionne un des épisodes les plus 1 ramatiques de la funeste retraite vers Damiette, | près la bataille de la Massoure.

I Chargé par le roi d’une expédition dansl’Anti-I iban, près de Tyr, Joinville courut un grand I éril. Surpris dans un défilé, il lui fallut mettre I ied à terre pour encourager ses soldats , et un I e ses chevaliers périt à ses côtés. On le crut I ort , et il ne dut son salut qu’à un stratagème , I n incendiant la plaine au moyen de joncs C cannes ) , qui , fendus à l’un des bouts pour y I «lacer des charbons allumés , et lancés dans i les meules de blé , arrêtèrent la poursuite des ) nnemis. En témoignage de sa satisfaction pour «iabravoure et la prudence dont Joinville lui avait i lonné tant de preuves , le roi lui conféra, par un icte daté du camp devant Joppé, en avril 1252, leux cents livres de rentes annuelles réversibles sur ses héritiers.

Joinville nous fait connaître sa manière de rivre pendant son séjour à Acre : chaque jour ses deux chapelains lui disaient ses heures et chantaient la messe, l’un à l’aube, l’autre quand

, tous les chevaliers étaient levés. Après la messe,

il se rendait près du roi et l’accompagnait lorsqu’il voulait chevaucher. Comme on attribuait les malheurs de l’armée à la corruption des délicat de Lamotte et de Perrault. Dans son emportement pour quitter la Terre Sainte et retourner en France, Jean de Beaumont, l’oncle du roi, Interpellant son cousin Guillaume de Beaumont, qui avec Joinville s’opposait à ce lâche départ, lui dit « Orde lonuaigne (puante latrine, ou sale excrément), que voulez-vous dire? lluseiez vous tout quoy »

Quant au mot de poulain.ce doit être la tniduction du mot grec izoxiXoc, , ftts, enftint de. C’est ainsi qu’on désigne en grec le fils d’un Turc et d’une mère grecque par le nom de TOUpxoîtoû),oç.

mœurs , saint Louis punissait avec sévérité les moindres désordres : aussi Joinville, pour se mettre à l’abri de tout soupçon , nous dit qu’il fit placer son lit de telle manière qu’on ne pouvait entrer dans son pavillon sans voir tout ce qui s’y passait, et ce faisoit-il pour oster toute mescréance de femmes. A l’approche de l’hiver, les arrivages par une mer felonescc étant rares et coûteux, il faisait provision de vivres, en grains, porcs , moutons et volailles. Il achetait cent tonneaux de vin et faisait toujours boire le meilleur avant. Mêlé abondamment d’eau pour les valets, il l’était en moindre quantité pour les écuyers ; quant aux chevaliers, ils usaient à leur convenance de grandes phioles de vin et de grandes phioles d’eau placées sur la table. Le roi lui avait donné cinquante chevaliers à commander, et chaque jour dix. d’entre eux dînaient à la table de Joinville , assis à terre , selon l’usage du pays, chacun d’eux tête à tête d’un des chevaliers de Joinville ; à toutes les grandes fêtes annuelles il invitait à des galas les riches hommes de Vost, qui venaient en telle quantité que le roi était obligé d’en recevoir une partie à sa table.

Sa susceptibilité sur le point d’honneur, surtout en ce qui concernait ses chevaliers et sa troupe, était extrême. Dans une chasse aux gazelles où ses chevaliers avaient été repoussés par les Hospitaliers, il porta plainte au grand-maître, et raison lui fut rendue selon les usages de la Terre Sainte. Les Hospitaliers durent donc manger à terre sur leurs manteaux , en présence des chevaliers ; mais Joinville et ses chevaliers , satisfaits de leur voir accomplir cet acte d’humilité , les firent dîner avec eux à haute table. Joinville ayant appris l’arrivée de la reine à Sidon, alla au-devant d’elle, attention à laquelle le roi fut sensible, et qui amena cette réflexion de Joinville : « Je vous rapporte ces choses, parce que depuis cinq ans que j’estois auprès de lui , il ne m’avoit encore parlé de la reine ni de ses enfants, que je sache, ni à moi ni à personne, et ce n’est pas bonne manière , comme il me semble , d’estre estranger à sa femme et à ses enfants. » Cependant le roi aimait tendrement la charmante et intrépide Marguerite, qui par dévouement pour son époux avait voulu braver les périls de la croisade. Maisdansces graves et tristes circonstances les devoirs de la royauté faisaient taire les affections. Sachant qu’en Joinville la bravoure s’unissait à la courtoisie et à la prud’homale, le roi le chargeait volontiers du soin d’accompagner la reine. Par son enjouement, sa conversation et son habitude des cours, qui le distinguaient des autres chevaliers, Joinville devait lui plaire : il devinten quelque sorte son chevalier. Le roi lui ayant donnél’ordre de conduire la reine et ses enfants à Tyr, « Je ne répliquai point, nous dit-il , et cependant il y avoit grand péril, n’ayant alors ni paix ni trêve avec ceux d’Egypte et de Damas; mais, grâce à Dieu, nous y