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léans. — Catalogue Joursanvault, 1. 1, passim. — Aimé Champollion-Figeac Louis et Charles, ducs d’Orléans ; 1843, in-8. — Religieux de Saint-Denis, édition Bellaguet ; 6 vol. in-4o, à la table. — Godefroy, Histoire de Charles VI ; 1653, In-fol. — Claude Dormoy, Histoire de la ville de Soissons ; 1663, in-4o ; t. II, p. 356. — Baron de Girardot, Procès de Renée de France, dame de Montargis ; Nantes, 1658, in-8o, p. 16 et suiv. — Vallet de Variville, Bulletin de la Société de l’histoire de France, 1857-8, p. 179 et s., 1859-60, p. 201 et s. ; Isabeau de Bavière, 1859, in-8o, p. 9 et s. ; Chronique de Cousinot, etc., in-16, à la table ; Magasin de Librairie, 1859, in-8o, p. 240 et s.

ORLÉANS (Charles, duc d’), poète français, fils du précédent, né le 26 mai 1391, mort le 4 janvier 1465. Il naquit au palais royal de Saint-Paul, où ses parents partageaient La demeure de son oncle Charles VI, et reçut d’abord le titre de comte d’Angouléme. Louis, duc d’Orléans, pour célébrer là naissance de ce fils, institua l’ordre du Porc Épic, emblème qui se conserva dans la famille d’Orléans jusqu’à Louis XII, roi de France. Isabelle de France, douairière d’Angleterre, qu’il avait épousée, le 29 juin 1406, mourut en couches, à Blois, le 13 septembre 1409. Louis, duc d’Orléans, périt assassiné, le 23 novembre 1407. Valentine de Milan ne lui survécut guère plus d’une année, et mourut à Blois, le 4 décembre 1408. Charles, comte d’Angoulême, âgé de dix-sept ans, se trouva l’aîné de cinq orphelins et chef de famille. Il fut émancipé par le roi, et succéda comme duc d’Orléans à son père.

Charles, duc d’Orléans, quoique richement doué sous le rapport de l’esprit, n’avait aucune des qualités nécessaires pour se tirer avantageusement des circonstances difficiles où sa naissance l’avait placé. Le ressort, l’énergie du politique, du grand baron, du guerrier, lui manquaient totalement[1]. Après avoir vainement imploré la justice du roi contre le meurtrier de son père, il subit, en 1409, le traité de paix de Chartres. Mais cette paix fourrée n’était qu’une trêve ou un entr’acte de guerre civile. Les hostilités se rallumèrent entre les ducs d’Orléans et de Bourgogne : Charles et Jean sans Peur. Charles d’Orléans s’allia d’abord avec le comte d’Armagnac, dont il épousa la fille, Bonne d’Armagnac, en 1410. Dès 1408 il avait armé ses vassaux et ses forteresses ; mais il ne présida que comme prince à ces préparatifs de guerre, s’en reposant, pour le soin de les diriger activement, sur son frère Philippe, comte de Vertus, qu’il nomma son lieutenant général. Les parties belligérantes se rencontrèrent en 1411, aux portes de la capitale. Au mois de novembre, le duc se rendit à Saint-Denis, où les orléanistes s’emparèrent des biens de l’abbaye, qui fut pillée par les soldats. Parmi ces biens se trouvaient des joyaux que la reine y avait clandestinement déposés. Parmi ces objets précieux (au rapport d’une chronique nouvellement découverte) était une couronne royale. Bernard d’Armagnac, suivant le même auteur, prit cette couronne et la posa sur la tête de Charles, duc d’Orléans, en le proclamant roi de France, et il promit de le faire sacrer à Reims[2]. Déclaré rebelle et ennemi de l’État, Charles d’Orléans ne tarda pas de rentrer en grâce, à la faveur de la politique louvoyante et incertaine que suivaient la reine et les autres conseillers ou lieutenants de Charles VI. Le 29 janvier 1414 le duc d’Orléans et Isabeau de Bavière signaient ensemble un traité d’alliance offensive et défensive. Lorsque le roi d’Angleterre envahit la France, Charles se rendit au mandement royal, avec un contingent de cinq cents lances ou bassinets, qu’il conduisit en personne à la bataille d’Azincourt (25 octobre 1415). Le duc fut fait chevalier sur le champ du combat, la veille de cette action mémorable. Le jour même il commandait l’avant-garde, avec le duc de Bourbon, sous les ordres du connétable. Le corps que guidait le prince Charles fut des premiers culbuté, dans ce désastre. Le prince, tombé au pouvoir de l’ennemi, se vit emmener peu de jours après en Angleterre.

De 1415 à 1440, Charles d’Orléans dut passer les plus belles années de sa vie dans une désolante captivité. À peine eut-il mis le pied sur le sol de l’exil, qu’il perdit sa seconde femme. Déjà le duc Charles avait été précédé en Angleterre par son frère Jean[3], comte d’Angoulême, otage des Anglais depuis 1412. Son autre frère, Philippe d’Orléans, comte de Vertus, mourut à Baugency, le 1er septembre 1420. Henri V, roi d’Angleterre, veillait à retenir le duc Charles dans une étroite captivité. La possession de ce prince était pour lui le gage de la faiblesse du pouvoir royal en France. Par ses ordres, Charles fut donc traîné de prison en prison, aucune geôle à cet effet ne lui semblant assez sûre. C’est ainsi que le duc habita successivement le palais de Londres, le château de Windsor, celui de Bolinbroke[4] et enfin celui de Pontefract ou Pomfret, à l’extrémité septentrionale de l’Angleterre. Henri V en mourant recommanda à ses héritiers de conserver précieusement les princes captifs, et de repousser tout traité de libération avant la conquête intégrale de la France.

Henri V mourut en 1422. Charles, duc d’Orléans, eut alors pour demeures la tour de Londres, les châteaux de Ampthil ![5], Wingfield[6] et autres lieux. Le sort du captif reçut quelques adoucissements ; mais il demeura toujours privé

  1. Valentine de Milan, éclairée par son instinct supérieur, ne s’y méprit point. À son lit de mort elle désigna le bâtard d’Orléans (Dunois, voy. ce nom) comme étant seul capable, parmi les enfants que laissait le duc assassiné, de venger la mort de son père.
  2. Chronique de Lille, no 26. Voy. Bulletin de la Société de l’histoire de France, 1857, p. 184.
  3. Voyez ce nom.
  4. Lincolnshire, cent vingt-sept milles au nord de Londres.
  5. Bedfordshire, quarante-cinq milles nord-ouest de Londres.
  6. En Suffolk, près Eye.