Page:Hoefer - Biographie, Tome 39.djvu/387

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
749 PÉTRARQUE 750

dans la seconde (in morte di Madonna Laura), l’admirable sonnet Levonemi il mio pensier ; les canzones Che debbio far ? Che mi consigli, amore ?Quando il soave mio fido conforto, et la belle canzone à la Vierge qui clôt les Rime in morte di Laura. Pétrarque n’est pas tout entier dans ses vers amoureux ; pour apprécier la souplesse, la vigueur et l’élévation de son génie, il faut lire les trois canzones que Leopardi regardait comme les seules véritables productions lyriques de la poésie moderne (1)[1]. La première (O aspettata in ciel), est adressée à son ami Jacques de Colonna, au sujet d’une croisade que méditait le pape ; la seconde (Spirto gentil), adressée à Étienne Colonna, et non pas à Rienzi, comme l’ont pensé plusieurs auteurs, et la troisième (Italia mia) déplorent les malheurs de l’Italie et invitent ses habitants à secouer leur apathie en leur rappelant les exploits de leurs ancêtres. Les Triomphes sont un poème moral écrit dans la forme majestueuse et sévère du tercet, que Dante a portée à la perfection ; c’est une suite de visions allégoriques sur la puissance de l’Amour, de la Mort, de la Gloire, du Temps, de l’Éternité. L’idée des Triomphes, empruntée aux troubadours n’est pas heureuse, et l’exécution, très-inégale, se ressent de l’âge de l’auteur. Le poëte, languissant sous le poids des années et des chagrins, ne se ranime que lorsqu’il parle de Laure ; il retrouve alors la flamme et la sensibilité de ses meilleurs ouvrages.

L’édition la plus complète des œuvres de Pétrarque est celle de Bâle, 1581, 2 vol. in-fol. : elle comprend, outre les poésies italiennes et les poésies latines (l’Africa, trois livres d’Épitres et douze Églogues), les ouvrages suivants : une correspondance (Epistolae familiares ; variae ; ad veteres illustres ; seniles ; sine titulo) très-volumineuse, quoique elle ne contienne pas toutes les lettres de Pétrarque ; — De remedius utriusque fortunae libri II ; — De vita solitaria lib. II ; — De otio religiosorum lib. II ; — Apologia contra Gallum ; — De officio et virtutibus imperatoris ; — Rerum memorandaruas liv. IV ; — De vera sapientia ; — De contemptu mundi ; — Vacuum virorum illustrium epitome ; un autre ouvrage, beaucoup plus étendu, de Pétrarque sous le même titre est resté inédit ; mais il en parut à Venise, en 1527, une traduction italienne imparfaite par Donato degli Albanzoni ; — De vite beata ; — De obedientia ac fide uxoria ; c’est une traduction de la nouvelle de Griselidis de Boccace ; — Itinerarium syriacum, opuscule qui prouve que Pétrarque s’était occupé sérieusement de recueillir des connaissances géographiques indispensables pour l’intelligence des auteurs an-


ciens ; — plusieurs discours : De Avaritia vitanda ; De libertatis capessenda, etc. La plus ancienne édition des Œuvres latines porte l’indication de Bâle, 1496, in fol. Le traité De remediis utriusque fortunae, imprimé à Cologne, 1471, in-4o, a été traduit en français d’abord par Nicolas Oresme, d’après l’ordre de Charles V (publié à Paris, 1534), puis par Grenaille, sous ce titre : Le sage résolu contre la fortune, Rouen, 1662, 2 vol. in-12, et une troisième fois par un anonyme, Paris, 1673, in-12. Ses poésies italiennes intitulées : Il cansoniere ou Rime del Petraca, consistant en plus de 300 sonnets, 50 canzones environ et 6 courts poèmes en terza rima, intitulés : Trionfo d’Amore, Trionfo della Castita, Trionfo della Morte, Trionfo della Fama, Trionfo del Tempo, Trionfo della Divinita, ont eu plus de 300 éditions avec ou sans commentaires. La première est celle de Venise ; 1470, gr. in-4o ; les principales sont celles d’Alde Manuce : Le cose volgari di Messer Francesco Petrarcha, Venise, 1501, in-8o ; Il Petrarca con nuove spositioni, Lyon, 1574, in-12 ; Le Rime del Petrarca, Padoue, 1722, in-8o, avec un catalogue raisonné des principales éditions précédentes ; l’édition de Muratori, Venise, 1727, in-4o ; celle de Bodoni, Parme, 1799, 2 vol. in-fol, et in-8o ; celle de Morelti, avec les remarques inédites de Beccadelli, Vérone, 1799, 2 vol. petit in-8o, etc. La première édition moderne où le texte de Pétrarque ait été solidement établi d’après les éditions anciennes est celle de Marsand ; Padoue, 1819-1820, 2 vol. in-4o. Leopardi, dans son excellente édition, Milan, 1826, in-16, plusieurs fois réimprimée, entre autres à Florence, chez Félix Le Monnier, a adopté le texte de Marsand, en y joignant un commentaire explicatif complet, concis et parfaitement clair, sur un des plus grands et des plus délicats mais aussi des plus difficiles poètes italiens. Les traductions françaises de Pétrarque ne sont ni nombreuses ni importantes. On peut signaler du moins comme curiosités bibliographiques celles qui parurent au seizième siècle. Les Triomphes du Pétrarque, traduits par le baron d’Opède ; Paris, 1538, in-8o ; — Toutes les œuvres vulgaires de Françoys Pétrarque, contenant quatre livres de M.-D. Laure d’Avignon, sa maistresse : jadis par luy composez en langage tuscan, et mis en françoys par Vasquin Philieul de Carpentras, docteur en droicts. Avecques briefs sommaires ou argumens requis pour plus facile intelligence du tout ; Avignon, 1555, in-8o : traduction littérale et presque vers par vers ; — Le Pétrarque en rimes françaises, avec ses commentaires par Philippe de Maldeghem, seigneur de Leyschot ; Bruxelles, 1600, in-8o. Parmi lm traducteurs plus récents on cite Lévirpte (17s7), Léonce de Saint-Géniés (1818 ), F. de Gramont (1841), A. de Montesquiou (1842). Les autres langues de l’Europe n’offrent aussi que des versions im-

  1. (1) Il ne faut pas oublier que Pétrarque étaitv musicien, et que ses canzones sont de véritables compositions lyriques comme les odes de Pindare. Phil. Villani a dit (Vit. Petr.) « Doctus insuper lyra mire cecinit. Fuit vocis sonora atque redundantis suavitatis atyque dulcedinis. »