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ZOEGA

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chant irrésistible le porta vers l’Italie. Ce ne fut qu’après avoir, avec une adnoiration enthousiaste, vu Rome et Venise, qu’il se rendit successivement à Gotha , à Dresde et à Leipzig. Revenu en 1777 sous le toit paternel, il se livra d’abord à quelques compositions poétiques ; mais bientôt il accepta une place de précepteur dans une famille bourgeoise de l’ile de Fiihnen (octobre 1778). Moins de deux années plus tard , on lui proposa d’accompagner dans ses voyages le jeune fils du conseiller Linstow. Use mit en route par l’Italie dès le mois de mars 1780. Après avoir employé près d’une année à visiter cette terre classique, où il commença cette étude des monuments antiques dont il devait plus tard faire le fondement de tous ses travaux historiques , Zoega se disposait à parcourir la France, lorsque la mort du père de son élève le rappela brusquement en Danemark. Toutes ses espérances semblaient ruinées ; heureusement la bienveillance du ministre danois Guldberg, près duquel l’intervention de Heyne n’avait pas été inutile, le chargea de la classification des médailles existantes à Copenhague, et presque aussitôt d’une mission scientifique qui réalisait tous ses vœux , celle d’un voyage numismatique aux frais du roi (avril 1782). Les circonstances, certaines influences plus personnelles et plus intimes, prolongèrent indéfiniment ce voyage, et Zoega, après vingt-six ans de séjour à l’étranger, devait mourir sans avoir revu sa patrie.

Son premier soin fut de visiter les riches collections du musée de Vienne, où il mit à profit les lumières de l’abbé Eckhel et de Neumann. Arrivé à Rome à la fin de janvier 1783, il attira sur lui l’attention de Borgia , alors secrétaire delà Propagande, archéologue érudit autant que passionné, et qui ne cessa plus d’être son protecteur et son ami. En même temps il commença un important travail sur les médailles et monnaies égypto-romaines que possédait ce prélat. A la même époque une passion violente qu’il conçutpour la fille d’un peintre de Rome, Maria Pietruccioli, décidait de son avenir, et le fixait pour toujours, du moins par ses désirs, dans une contrée où son cœur avait désormais d’aussi fortes attaches que son esprit. En épousant celle qu’il aimait, Zoega avait abjuré le protestantisme (déc. 1783) ; mais bien loin de faire de sa foi nouvelle un instrument de fortune, il la tint d’abord, ainsi que son mariage, profondément secrète, et.se vit contraint, pour accomplir la mission dont il était chargé, de partir pour Naples, et bientôt pour Florence et pour Paris (mars 1784). Il était dans cette dernière ville lorsqu’il y apprit la chute de Guldberg, son protecteur. La crainte de ne pas rencontrer la même bienveillance auprès du nouveau ministre, et surtout le désir de revoir Tépouse dont il était séparé, le déterminèrent à revenir à Rome. Dénué de ressources, il se mit en route à pied (19 juin), et fut pris en arrivante Rome d’une fièvre à laquelle il faillit succomber, et dont la convalescence se prolongea pendant presque toute l’année 1785. Ce fut pendant cette maladie qu’il fit à son père l’aveu de son mariage et de son changement de religion. A l’indulgence de sa famille se joignit celle de sa patrie, qui, faisant taire en sa faveur la loi qui défend d’employer tout Danois entaché de catholicisme, lui continua la mission dont elle l’avait chargé. En même temps l’amitié du cardinal Borgia lui procurait les fonctions d’interprète de Jâ Propagande. Libre dès lors de se livrer tout entier à ses études archéologiques, il les publia en 1787, 3Iumi jEgypti imperatorii prostrantesin Miiseo Borgiano FeZi^ns ; Rome, in-4o. Dans cette œuvre de numismatique, qui comprend toute la périodecomprise entre letriumvir Antoine et l’empereur Dioclétien, Zoega avait montré une sûreté d’érudition et une sagesse de critique qui établirent sa réputation dans toute l’Europe savante. Attiré, par l’étude même à laquelle il s’était Ifvré sur l’antiquité égyptienne, vers celle, plus élevée encore et plus obscure, des religions du monde ancien , il recueillit sur ce sujet tous les renseignements que les écrivains de la Grèce et de Rome, et jusqu’aux Pères de l’Église et aux auteurs byzantins , pouvaient lui fournir, et les éclaira d’une vtve lumière par l’examen des monuments de l’art antique. Une double mission scientifique qui lui fut confiée, en 1789, l’une à Naples par le gouvernement danois, l’autre à Venise par l’Angleterre pour y collationner les manuscrits de la Bible des Septante, ainsi qu’une correspondance régulière qu’il dut suivre avec le prince héréditaire de Danemark, président de la Société royale des arts, s’ajoutaient à ce travail de prédilection sans l’en distraire. H en aurait fait sans doute l’œuvre capitale et dernière de sa vie, si, pour obéir au pape Pie VI, qui avait conçu la pensée d’ériger ceux des obélisques qui gisaient encore ignominieusement sur le sol romain, il n’avait lui-même entrepris d’écrire l’histoire de ces monuments mystérieux. Telle fut l’origine de son célèbre ouvrage De tisu et origine oheliscorum , auquel il ne consacra pas moins de sept années de travail (1790-1796), et dont l’impression, suspendue par les événements politiques, ne fut achevée qu’en 1800, sous le règne du nouveau pape Pie VII (Rome, 1797, in-fol. ) (1). Rattachant à ce sujet particulier toutes les notions générales sur la religion et les mœurs de l’ancienne Egypte, qu’il venait en quelque sorte d’accumuler, il fit de cet écrit un vaste répertoire de toutes ses connaissances relatives à l’archéologie égyptienne. Divisé en cinq sections consacrées aux témoignages historiques, à la liste et à la classification de ces monuments, à leur but et à leur mode d’érection, aux origines générales des religions et de l’écriture, ce livre se résume en quatre idées principales : (1) Par une pensée touchante, Zoega voulut que cette édition, dédiée à Pie V(, portât la date de 1797, annce ou elle aurait été acitcvée sans tes événements.