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de la géographie de l’Avesta ; mais nous profiterons du jour qu’elle jette sur la période anléhistorique de la race arienne. Le second fargard est encore un discours d’Ormuzd à Zoroastre ; il s’agitdeYima.filsdeVivagliao ; OrmuzdlecharRe de propager sa doctrine parmi les hommes ; il lui ordonne ensuite de construire un parc immense, dans lequel vivront, au sein de l’innocence et du bonheur, tous les serviteurs d’Ormuzd, avec les animaux qu’il a créés. Les fargards III-XVII se rapportent aux souillures légales et aux purifications par lesquelles on peut les etfacer. Le dix-huitième contient une énumération de plusieurs péchés et leurs expiations ; il y est question entre autres de péchés commis avec une druks (démon femelle). Le dix-neuvième /argiard, qui contient le récit de la tentation de Zoroastre, ne nous est parvenu que très-incomplet, et les autres /orgaj’cfs sont dans un état encore plus fragmentaire. Le Yaçna est un recueil de soixante-douze liymnes, divisés en deux parties. La seconde partie, composée de quarante-cinq hymnes, et appelée Gâlhâs, est ce qu’il y a de plus ancien dans le Zendavesta. Le Vispered est un recueil de prières ; il en est de même du Sirozé. Le YcscJit contient également des prières, et peut être regardé comme le principal livre liturgique des Parses ; il est composé de pièces des époques les plus diverses ; il en est qui sont écrites en zend, d’autres en psrse. Le Boundehesch est une compilation faite d’après des livres religieux aujourd’hui perdus ; il contient une exposition complète de la doctrine persane ; il est écrit en pehlvi. Cette rapide analyse a déjà montré que les livres sacrés des Parses appartiennent à des époques différentes. Peut-ondéterminer ces époques ? le.’le principal indice est la langue dans laquelle ils sont écrits. Le zend a duré, avec des altérations successives, jusqu’aux derniers Achéménides {quatrième siècle av. J.-C) ; le pehlvi, produit de la décomposition du zend, sous l’influence des langues sémitiques, commence à la fin des Achéménides, et se prolonge jusqu’aux derniers Sassanides ( septième siècle après J.-C.) ; seulement dans sa dernière période il cède la place, au moins pour les livres religieux, au parsi, tentative faite pour revenir au zend et exclure de la langue des Parses l’élément sémitique. Ainsi les Yeschts, qui sont en parsi, ont été écrits vers la fin de la dynastie des Sassanides ou peu après sa chute ; lii lioundehesch, qui est en pehlvi, et ceux des Yeschts qui sont dans le même idiome datent des Sassanides (troisième, septième siècle après J.-C.). Enfin, pour le Yaçna, le Veitdidad, le Vispered, le .Sirozé.nous avons une période qui, aboutissant par un de ses termes au quatrième siècle avant J.-C, s’enfonce par l’autre dans le passé le plus reculé. Ces quatre livres, dont les trois premiers ont seuls de l’importance, forment l’Avesta. Nous avons déjà dit qu’ils ne sont pas


de la même date ; nous avons dit aussi que le » Gâthds du Yaçna sont la partie la plus ancienne àp.UAvesta ; si nous parvenions à en fixer même approximativement la date, nous aurions atteint le point qui nous ferait toucher à Zoroastre.

Le Yaçna, particulièrement dans les Gâthâs, nous représente une grande réforme religieuse ; le législateur sacré, quel qu’il soit, agit sur un fonds religieux polythéislique et naturaliste, c’est-à-dire sur une religion où les personnifications de la divinité sont très-nombreuses et empruntées aux phénomènes de la nature ; il veut à la fois. « implifier cette religion dans ses croyances et la préciser dans ses rites ; en même temps il s’efforce d’attacher les hommes à l’agriculture, de les détacher de la vie nomade et guerrière. Or ce triple objet, simplification des croyances, établissement de rites fixes, d’un culte régulier, attachement à la vie s-édentaire de l’agriculteur, le législateur le poursuivit à travers des luttes dont le Yaçna a conservé des traces nombreuses. La majorité des populations ariennes se refusèrent à l’adopter, et il en résulta des guerres, des mouvements intérieurs qu’aucun document ne nous fait connaître, mais dont l’effet au moins est appréciable. Selon toute apparence, ce fut cette révolution religieuse qui décida les Ario-lndiens à quitter l’Ariane, à franchir les passages de l’Hindo-Khousch, et à descendre dans le pays des cinq rivières ( Pendjab). Le Rig-Veda, qui est pour les Ario-lndiens ce que le Yaçna est pour les Ario-Perses, et qui représente l’épanouissement de la première religion des Ariens, comme le Yaçna en représente la simplification, la mise en rituel et en formules, permet de placer sinon des dates précises, au moins quelques points de repère sur la route de la race arienne au sortir de sa terre natale. D’inductions en inductions, on arrive à placer sa migration dans le Pendjab vers le quinzième siècle avant J.-C. Faisons un pas de plus, donnons-nous un espace suffisant et pour la réforme religieuse accomplie par Zoroastre, et pour les luttes qui suivirent au sein des populations ariennes, nous arrivons au seizième ou au dix-septième siècieavant J.-C. C’est la date approximativement probable de Zoroastre. Dans l’état actuel de nos connaissances, nous ne croyons pas qu’on puisse arriver à rien de plus précis. Mais il est une voie où l’on peut espérer des éclaircissements nouveaux, et nous allons l’indiquer sans y entrer nous-même.

Dans l’antiquité, surtout en Orient, les révolutions politiques se rattachent presque toujours à des révolutions religieuses. Nous avons vu la réforme de Zoroastre déterminer vers le sud-est la migration des Ario-lndiens : il est probable qu’elle eut le même effet à l’occident. Or, par .suite de ce mouvement vers l’ouest, les Ariens se trouvèrent en contact, en lutte avec les Chaldéens de l’Euphrate et du Tigre. Une tradition