Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 1, trad. Loève-Veimars, 1832.djvu/145

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ron, il faut que je vous évite tout jugement précipité. Vous me tenez pour un homme rude et sauvage, ennemi des beaux arts. Je ne le suis nullement, mais une conviction profonde m’oblige à interdire ici tout délassement qui amollit et qui ébranle l’âme. Apprenez que ma femme souffre d’une affection nerveuse qui finira par la priver de toutes les jouissances de la vie. Dans ces murs surtout, elle ne sort pas d’un état d’exaltation qui est toujours le symptôme d’une maladie grave. Vous me demanderez avec raison pourquoi je n’épargne pas à une femme délicate ce séjour terrible, cette rigoureuse vie de chasseur ? Nommez-le faiblesse ou tout ce que vous voudrez, je ne puis me résoudre à la laisser loin de moi. Je pense d’ailleurs que cette vie que nous menons ici doit au contraire fortifier cette âme affaiblie ; et vraiment le bruit du cor, les aboiemens des chiens,