Zuléma a été recueillie parmi nous dans ce cloître. D’abord, elle s’abandonna à une douleur sans bornes, et elle remplissait le cloître tantôt de chants terribles et sauvages, tantôt lugubres et plaintifs ; car partout on entendait sa voix retentissante. Une nuit, nous nous trouvions rassemblées dans le chœur de l’église, où nous chantions les heures selon la manière belle et sainte que le grand-maître Ferreras nous a enseignée ; je remarquai, à la lueur des cierges, Zuléma debout près de la porte du chœur, qui était restée ouverte ; elle nous contemplait d’un air grave et méditatif ; et, lorsque nous nous éloignâmes deux à deux, Zuléma s’agenouilla dans la travée, non loin de l’image de Marie. Le jour suivant, elle ne chanta pas de romance ; elle le passa dans le silence et dans la réflexion. Bientôt elle essaya sur son cistre les accords du chœur que
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Apparence