Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 1, trad. Loève-Veimars, 1832.djvu/41

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pit de cette insipidité et de cette inaction, il ne peut résister au charme de son extrème beauté. Cette passion funeste prend un accroissement bien plus rapide encore, quand il s’est laissé persuader d’acheter une lorgnette d’approche au perfide Italien, malgré sa ressemblance frappante avec l’ancien objet de sa haine et de son horreur. La secrète influence de ce verre trompeur cache aux yeux de Nathaniel ce qui frappait tous ceux qui approchaient Olympia. Il ne voit pas en elle une certaine raideur de manières qui rend sa démarche semblable aux mouvemens d’une machine, une stérilité d’idées qui réduit sa conversation à un petit nombre de phrases sèches et brèves, qu’elle répète tour-à-tour ; il ne voit rien enfin de tout ce qui trahissait son origine mécanique. Ce n’était en effet qu’une belle poupée, ou automate, créée par la main habile de Spalanzani, et douée d’une apparence de vie par les artifices diaboliques de l’alchimiste, avocat et colporteur, Copelius ou Coppola.

L’amoureux Nathaniel vient à connaître cette fatale vérité en se trouvant le témoin d’une querelle terrible qui s’élève entre les deux imitateurs de Prométhée, au sujet de leurs intérêts respectifs dans ce produit de leur pouvoir créa-