Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 1, trad. Loève-Veimars, 1832.djvu/80

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ne manges pas, tu ne bois pas. Es-tu malade, ou te manque-t-il quelque chose ?

Je n’hésitai pas à lui raconter alors fort au long tout ce que j’avais ouï d’horrible dans la nuit. Je n’omis rien, pas même que j’avais bu beaucoup de punch, et que j’avais lu le Visionnaire de Schiller. — Je pense donc, ajoutai-je, que mon esprit échauffé a créé toutes ces apparitions qui n’existent qu’entre les parois de mon cerveau.

Je croyais que mon grand-oncle allait se livrer à quelque folle plaisanterie sur mes apparitions, mais nullement ; il devint fort grave, regarda long-temps le parquet, leva les yeux au plafond, et me dit, l’œil animé d’un regard étincelant : — Je ne connais pas ton livre, neveu ; mais ce n’est ni à lui ni au punch que tu dois cette aventure. Sache donc que j’ai rêvé moi-même tout ce que tu as vu. J’étais