Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 13, trad. Loève-Veimars, 1830.djvu/126

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laisse-moi te dire de quelle manière merveilleuse tu m’as sauvée moi-même des griffes du démon. Une nuit, il y a peu de temps de cela, des images affreuses et bizarres m’environnèrent. Je ne savais pas moi-même si c’était la joie ou le tourment qui oppressait si fort mon cœur, que je pouvais à peine respirer. Poussée par une impulsion irrésistible, je me mis à écrire un air d’après la manière de mon maître, mais une dissonnance singulière se mêlait à tous mes sons, et il me sembla qu’au lieu de chant, j’avais écrit la formule terrible avec laquelle on évoque les démons. Une horrible figure se présenta devant moi, me serra dans ses bras brûlans, et voulut m’entraîner dans l’abîme. Tout-à-coup un chant brillant éclata dans les ténèbres ; ces tons divins étincelaient dans l’ombre d’un doux éclat. La figure enne-