Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 13, trad. Loève-Veimars, 1830.djvu/62

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de Ofterdingen qui s’était banni dans la solitude, il ne pouvait s’empêcher de se défendre d’une douleur profonde. Souvent il pensait que Ofterdingen était saisi d’une folie passagère qui passerait bientôt, mais souvent aussi il pensait qu’il n’avait pas pu supporter le sort d’aimer la comtesse sans espoir. — Et, se disait-il, qui m’a donc donné plus de droits que lui ? ai-je quelque avantage réel sur Ofterdingen ? Suis-je meilleur que lui, plus sensé, plus aimable ? Où donc est la distance qui nous sépare ? Ainsi un destin ennemi qui eût pu me frapper aussi bien que lui, vient l’abattre, et moi, son ami, je passe avec indifférence sans lui tendre la main. Ces réflexions le déterminèrent à retourner à Eizenach pour tâcher de décider Ofterdingen à revenir à la Wartbourg. Mais lorsqu’il arriva à Eizenach, Henri de Ofterdingen avait