Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 13, trad. Loève-Veimars, 1830.djvu/70

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leux, que ta pensée s’est élevée au-delà des nuages ; mais une voix secrète me disait que ce chant ne pouvait découler de ton âme, et qu’il devait être l’effet de forces étrangères, comme celles que donne le nécromancien, à l’aide de sucs et de plantes inconnues. Henri, tu es certainement devenu un grand maître, et tu as l’intelligence des grandes choses, mais !… comprends-tu encore le doux salut du vent du soir, quand tu te promènes sous les épais ombrages du bois ? Ton cœur peut-il encore bondir de joie au frémissement des feuillages, au fracas des torrens ? Jettes-tu encore sur les fleurs des regards enfantins ? Te sens-tu encore défaillir d’amour aux plaintes du rossignol ? Un désir infini remplit-il encore ton âme, en rêvant ? Ah ! Henri, il y avait dans tes chants certaines choses qui me saisissaient d’une terreur