Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/146

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quelque charme mystérieux ; et, crois-moi, ami Pulcher, s’il y a ici de la magie en jeu, tout dépend de notre ferme volonté d’en triompher ; la victoire est certaine si le courage ne nous manque pas. Ainsi donc, hardiesse et prudence ; point de précipitation, associons-nous pour attaquer avec succès le méchant petit sorcier.

» Méchant sorcier, petit drôle de sorcier, s’écria le référendaire avec feu, oui, le nain maudit n’est pas autre chose assurément ! — Mais, ami Balthasar, où en sommes-nous donc ? Rêvons-nous tous les deux ? — Sorcellerie ! magie ! tout cela n’est-il pas depuis long-temps passé de mode ? L’illustre Paphnutius-le-Grand n’a-t-il pas, il y déjà bien des années, introduit dans le pays les lumières de la civilisation, et proscrit toute espèce de prestiges et de merveilles ? Comment se fait-il que pareille denrée ait été frauduleusement importée ici ? Mille tonnerres ! il faudrait en prévenir immédiatement la police et les préposés de la douane. — Mais non, non : tout notre malheur résulte de l’insigne folie des gens, ou plutôt, j’en ai peur, d’une corruption indigne. Ce maudit Cinabre est, dit-on, prodigieusement riche. Dernièrement, comme il se trouvait devant la Monnaie, les passants le montraient au doigt en disant : « Voyez ce joli petit papa : c’est à lui qu’appartient tout l’or monnoyé amoncelé là-dedans ! »

» Silence ! répliqua Balthasar, silence, ami référendaire : ce n’est pas avec de l’or que notre ennemi peut faire ce qu’il fait, il y a autre chose en jeu, sois-en sûr. — Il est vrai que le prince Paphnutius