Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/147

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a introduit les lumières pour le bien de son peuple et au profit de ses descendants ; mais il n’en est pas moins resté mainte chose inconcevable et tout-à-fait merveilleuse. Je veux dire que l’on a gardé pour l’usage de la maison plusieurs beaux miracles. Par exemple, on voit encore surgir d’un misérable grain de semence, de grands et magnifiques arbres, et une infinie variété des plus belles plantes et des meilleurs fruits dont nous nous régalons. Il est même encore permis aux fleurs et aux insectes de porter sur leurs feuilles veloutées, sur leurs ailes transparentes, les plus riches couleurs et jusqu’aux hiéroglyphes les plus merveilleux, si bien que personne au monde ne sait si c’est de la peinture à l’huile, à la gouache ou à l’aquarelle, et qu’aucun maître d’écriture n’est capable de lire et encore moins d’imiter ces élégants caractères si couramment tracés ! Hoho ! référendaire, je le certifie qu’il se passe parfois en moi-même des phénomènes bien étranges. — Quand il m’arrive de poser ma pipe de côté et de me promener de long en large dans ma chambre, une voix singulière murmure à mon oreille que mon propre individu est une merveille surprenante, et sert de demeure au magicien Microcosme, qui m’incite à mille extravagances. Mais alors je m’enfuis dehors et je me livre à la contemplation de la nature, et je comprends le langage des fleurs et celui des eaux, et je me sens pénétré d’un ravissement céleste, d’une béatitude infinie !…

» Tu as certainement la fièvre ! » s’écria Pulcher. Mais Balthasar, sans prendre garde à lui, étendant