Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/164

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paient lourdement hors des feuillets et se vautraient sur la table de marbre en pleurnichant et en grognant, jusqu’à ce que le docteur les renfonçât dans le volume.

Parmi ceux-ci non plus Balthasar ne put découvrir Cinabre.

« C’est étonnant, fort étonnant ! » dit le docteur. Et il tomba dans une muette méditation.

« Le roi des scarabées, reprit-il ensuite, ce ne peut pas être lui ; car il est en ce moment même occupé ailleurs, je le sais positivement. Ce n’est pas le maréchal des araignées non plus ; car Maréchal des araignées est fort laid, à la vérité, mais intelligent et adroit, et il vit du travail de ses mains, sans usurper le mérite des actions d’autrui. — C’est étonnant, très-étonnant ! »

Il se tut encore pendant quelques minutes, et l’on entendait distinctement, à la faveur du silence, toutes sortes de voix étranges retentir çà et là, tantôt en sons isolés, tantôt en accords pleins et suivis. — « Vous avez partout et constamment de bien jolie musique, cher monsieur le docteur ! » dit Fabian. Prosper Alpanus paraissait ne faire à Fabian aucune attention ; mais il regardait fixement Balthasar en étendant ses deux bras vers lui, et secouant de temps en temps dans sa direction le bout de ses doigts, comme pour projeter sur lui les gouttes d’un fluide invisible.

Enfin le docteur mit les deux mains de Balthasar dans les siennes, et lui dit avec gravité et bienveillance : « Ce n’est que par la sympathie la plus pure du principe intellectuel dans la loi du dualisme