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Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/176

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— Adieu, ma petite maman, reprit le nain, pour sage et prudent, je le suis assez, tu n’as pas besoin de me répéter cela si souvent. »

La femme s’éleva lentement dans les airs et disparut. Pulcher et Adrian étaient glacés de stupeur. Mais quand Cinabre voulut s’en aller, le référendaire s’élança vers lui en criant : « Bonjour, monsieur le conseiller spécial intime ! oh, comme vous vous êtes fait bien coiffer ! » Cinabre regarda en l’air autour de lui, et quand il eut aperçu le référendaire, il voulut se sauver bien vite en courant ; mais maladroit comme il était et mal affermi sur ses petites jambes, il trébuche, tombe au milieu des hautes herbes qui se replient sur lui, et le voilà plongé dans un bain de rosée. Pulcher se baissa aussitôt pour l’aider à se remettre sur ses jambes ; mais Cinabre, d’un ton rodomont, lui dit : « Monsieur ! comment vous trouvez-vous ici, dans mon jardin ? Allez-vous-en au diable ! » Puis il bondit et s’enfuit jusqu’à la maison aussi précipitamment qu’il put.

Pulcher écrivit à Balthasar pour lui faire part de cet étrange événement, et promit de redoubler de surveillance auprès de ce petit lutin ensorcelé. Cinabre paraissait inconsolable de ce qui lui était arrivé. Il se fit porter au lit, et s’abandonna à de telles plaintes et lamentations, que bientôt la nouvelle qu’il était subitement tombé malade parvint au ministre Clair-de-Lune et au prince Barsanuph.

Prince Barsanuph envoya aussitôt son médecin en titre chez le petit favori.