Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/181

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de ne penser absolument à rien durant huit jours d’avance ; mais pour leur faciliter l’exécution de cet ordre et ne pas les laisser inactifs dans l’intérêt de l’état, il leur fut enjoint de s’occuper des règlements de comptes.

Enfin, tout autour du palais où les conseillers de l’ordre du Tigre, les deux philosophes et le naturaliste devaient tenir leurs séances, les rues furent tapissées d’une couche épaisse de paille, pour que le bruit des voitures ne les troublât pas dans leurs profondes réflexions ; et défense générale fut faite dans le même but, de tambouriner, de faire de la musique, et même de parler à haute voix dans le voisinage du palais. Dans l’intérieur des appartements, tout le monde marchait à pas de loup avec d’épais souliers de feutre, et l’on ne s’y entretenait mutuellement que par signes.

Déjà les séances avaient duré sept jours depuis le lever du soleil jusque fort avant dans la soirée, et il n’y avait pas encore à songer à la moindre résolution.

Le prince, fort impatient, envoyait message sur message, et leur mandait impérativement qu’ils eussent, de par le diable, à se faire venir enfin quelque idée raisonnable. Mais cela ne servit absolument à rien.

Le naturaliste avait soumis à l’examen le plus minutieux la conformation de Cinabre ; il avait mesuré la hauteur et la largeur de l’excroissance de son dos, et en avait remis au conseil le calcul le plus exact. Ce fut également lui qui ouvrit l’avis à la fin