Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/182

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d’appeler au sein de la commission le tailleur costumier du théâtre.

Quelque étrange que parût d’abord cette proposition, néanmoins les craintes que ressentaient tous les membres de l’assemblée dans la conviction de leur insuffisance, la firent adopter à l’unanimité. Le tailleur du théâtre, le sieur Kees, était un homme extrêmement adroit et ingénieux. Quand le cas embarrassant lui eut été exposé, et après avoir consulté les calculs du naturaliste, il imagina aussitôt le plus admirable procédé pour que le cordon en question pût être invariablement fixé à la place réglée par les statuts.

Ce moyen consistait à adapter sur la poitrine et sur le dos du ministre un certain nombre de boutons pour assujettir le cordon de l’ordre. On en fit promptement l’expérience, et le succès dépassa toutes les prévisions.

Le prince était dans le ravissement ; et il approuva la proposition mise en avant par le conseil de l’ordre de partager dorénavant l’ordre du Tigre moucheté de vert en différentes classes, suivant le nombre de boutons avec lequel il serait conféré : par exemple, ordre du Tigre moucheté de vert à deux boutons, — à trois boutons, et ainsi de suite. Le ministre Cinabre reçut, comme distinction toute spéciale et qu’aucun autre ne pourrait plus obtenir, le cordon de l’ordre à vingt boutons de diamant ; car c’était justement le nombre exigé par la difformité singulière de son corps.

Le costumier Kees reçut l’ordre du Tigre moucheté