Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/183

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de vert à deux boutons d’or ; et comme le prince, malgré son heureuse découverte, le regardait comme un mauvais tailleur, et ne voulait pas par conséquent se faire habiller par lui, il le nomma officiellement son grand maître de la garde-robe et grand costumier intime.

Le docteur Prosper Alpanus promenait tout pensif de la fenêtre de sa maison de campagne, ses regards dans son parc. Il avait employé toute la nuit à tirer l’horoscope de Balthasar, ce qui lui avait appris plusieurs détails relatifs à Cinabre. Mais ce qu’il considérait comme le plus important, c’était l’aventure dans le jardin avec Pulcher et Adrian. — Prosper Alpanus se disposait à commander à ses licornes de lui amener la coquille parce qu’il voulait partir pour Hoch-Jacobsheim, lorsqu’il entendit une autre voiture rouler avec fracas et s’arrêter à la grille de son parc.

On vint lui dire que la chanoinesse de Rosebelle désirait parler à monsieur le docteur. « Qu’elle soit la bien-venue ! » dit Prosper Alpanus. Et la dame entra. Elle portait une longue robe noire, et était enveloppée d’un voile comme une religieuse. Frappé d’un étrange pressentiment, Prosper Alpanus prit sa canne et dirigea sur la chanoinesse les rayons étincelants du pommeau de cristal. Soudain, de vifs éclairs se croisèrent autour d’elle avec un bruissement singulier, et elle apparut elle-même vêtue d’une tunique blanche et transparente, avec des ailes diaphanes de libellule aux épaules, et des roses blanches