Aller au contenu

Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/185

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une chose que ne refusait jamais une chanoinesse. Le café fut servi, et le docteur entreprit de le verser. Mais en dépit de ses peines, et quoique le café coulât visiblement de la cafetière, les tasses demeuraient vides. «Tiens, tiens ! dit en souriant Prosper Alpanus, ce café n’est donc pas bon ? — Voudriez-vous, ma chère demoiselle, vous servir plutôt vous-même ?

» Avec plaisir ! » répliqua la chanoinesse. Et elle saisit la cafetière. Mais pas une goutte de liquide n’en découlait, et cependant la tasse s’emplissait à vue d’œil, et le café déborda bientôt sur la table et sur la robe de la demoiselle. Elle s’empressa de déposer la cafetière : aussitôt tout le café disparut sans laisser la moindre trace. — Prosper Alpanus et la chanoinesse s’examinèrent alors tous deux pendant un certain temps en silence, avec des regards singuliers.

Enfin la demoiselle prit la parole : « Vous étiez occupé à lire, dit-elle, un livre à coup sûr bien attrayant lorsque je suis entrée, monsieur le docteur ?

» En effet, répliqua-t-il, cet ouvrage contient des choses très-remarquables. »

En même temps, il voulut ouvrir le petit volume à reliure dorée qui était sur la table devant lui. Mais tous ses efforts furent vains, car le livre se refermait toujours avec un bruyant clipp-clapp. — « Tiens, tiens ! dit Prosper Alpanus, voyez donc un peu, ma chère demoiselle, à venir à bout de ce ridicule entêtement ! »