Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/191

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Celle-ci l’examina et s’écria ensuite, remplie d’une douloureuse émotion : « Oui !… s’il en est ainsi, il faut bien que je cède à la volonté du destin ! — Pauvre Cinabre !…

» Avouez, ma chère demoiselle, dit le docteur en souriant, que les dames se plaisent souvent aux choses les plus bizarres, et poursuivent opiniâtrement telle idée fantasque, enfantée par le caprice du moment, sans nul égard, ni considération du tort qu’elles causent aux intérêts d’autrui. — Cinabre doit subir l’arrêt du sort. Mais il lui restera encore la chance de jouir d’honneurs immérités. C’est ainsi que je rends hommage, ma très-digne et gracieuse demoiselle, à votre puissance, à votre bonté et à votre vertu !

» Homme admirable et généreux ! s’écria la chanoinesse, restez mon ami !

» À jamais ! répliqua le docteur. Mon affection pour vous, mon dévouement seront éternels, charmante fée ! Adressez-vous à moi en toute confiance dans toutes les circonstances critiques, et… venez prendre du café chez moi aussi souvent que cela vous conviendra. —

» Adieu, mon très-digne enchanteur ! jamais je ne perdrai le souvenir de votre bienveillance ni de votre excellent café ! » Ainsi parla la chanoinesse ; et elle se leva pour se retirer, remplie d’une profonde émotion.

Prosper Alpanus l’accompagna jusqu’à la grille, pendant que toutes les voix merveilleuses du bois résonnaient de la manière la plus séduisante.