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Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/194

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nité d’autres émoluments. En raison de son titre, il censure et revise dans les almanachs privilégiés du pays les éclipses de soleil et de lune, ainsi que les prédictions atmosphériques ; et il étudie spécialement la nature dans la Résidence ou sa circonscription. À cet effet, on lui envoie des forêts royales le gibier et les oiseaux les plus rares, qu’il fait rôtir et mange, pour en étudier pertinemment la nature. Il est en train de composer aussi à présent, du moins à ce qu’il prétend, un traité, qu’il doit dédier à son gendre, sur la question de savoir pourquoi le vin a un autre goût que l’eau, et produit des effets si différents : Cinabre a obtenu pour Mosch Terpin, à cause du susdit traité, la liberté d’aller étudier tous les jours dans la cave du prince. Déjà il a digéré dans ses études un demi-muid de vieux vin du Rhin, ainsi que plusieurs douzaines de bouteilles de Champagne ; et il s’occupe maintenant à vider un tonneau d’Alicante. Le sommelier se tord les mains ! — C’est ainsi que le professeur, qui est, comme tu sais, le plus grand gourmand de la terre, a trouvé son joint, et il mènerait la vie du monde la plus heureuse, s’il n’était pas obligé à de fréquentes et subites excursions dans les campagnes, pour aller expliquer aux fermiers du prince, lorsque la grêle a dévasté leurs champs, pourquoi il a tombé de la grêle, afin que les pauvres imbécilles acquièrent un peu de science pour se garantir à l’avenir de pareil accident, et ne viennent pas si souvent réclamer des remises de fermages, sous le prétexte d’un malheur qu’ils ne doivent attribuer qu’à eux seuls.