Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/200

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est petit Zach, ou Zacharie. Ce n’est que par vanité qu’il a adopté le nom imposant de Cinabre. La chanoinesse de Rosebelle, ou à proprement parler la célèbre fée Rosabelverde, car cette dame n’est pas autre chose, trouva le petit avorton sur son chemin. Dans sa bonté, elle crut le dédommager de tout ce que lui avait refusé une nature mâratre, en le gratifiant d’un don singulier et mystérieux, au moyen duquel : « Tout ce qu’un autre pense, dit ou fait en sa présence, lui doit être attribué, outre que dans la société de personnes remarquables par leur beauté, leur intelligence et leur esprit, on le considère aussi comme beau, spirituel et intelligent, et qu’il passe toujours en général pour l’individu le plus parfait de l’espèce avec laquelle il se trouve en rapport. »

» Ce charme bizarre réside dans une mèche de trois cheveux d’un rouge de feu qui brille au milieu de la chevelure du nain. Tout attouchement sur cette mèche, et même sur une partie quelconque de sa tête, devait être pour lui douloureux et fatal. C’est pourquoi la fée rendit ses cheveux, naturellement mal plantés et hérissés, souples et flottants sur son dos en boucles abondantes et gracieuses, de manière à protéger sa tête et à dérober aux yeux la ligne rouge qui devait avoir ainsi encore plus d’efficacité. Tous les neuf jours, la fée elle-même coiffait et frisait son petit protégé avec un peigne d’or magique, et conjurait, par cette opération, toute entreprise dirigée contre son enchantement. Mais le peigne a été détruit par un talisman plus puissant