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Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/201

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que j’ai su placer sous les pas de la bonne fée dans une visite qu’elle m’a faite. Il ne s’agit plus à présent que d’arracher au nain ces trois cheveux couleur de feu, pour qu’il retombe aussitôt dans sa primitive nullité.

» C’est à toi, mon cher Balthasar, qu’il est réservé d’opérer ce désenchantement. Tu as du courage, de la force et de l’adresse : tu exécuteras dignement cette entreprise. Prends ce petit verre poli, partout où tu rencontreras le petit Cinabre approche-toi de lui hardiment, et dirige, à travers cette lentille, un regard scrutateur sur sa tête, tu verras se dresser aussitôt isolés et apparents les trois cheveux rouges. Saisis le nain vigoureusement, sans t’embarrasser de ses cris et de ses miaulements perçants, arrache-lui d’un seul coup la mèche fatale, et brûle-la sur-le-champ. Il est indispensable que les trois cheveux soient arrachés d’un seul coup et brûlés immédiatement, car autrement ils pourraient encore occasioner toutes sortes d’accidents funestes. Aie donc bien soin de saisir la mèche avec adresse et fermeté, et de surprendre Cinabre là où tu pourras profiter d’une lumière ou d’un foyer allumé. —

» Ô Prosper Alpanus ! s’écria Balthasar, combien je me suis rendu indigne par ma méfiance de tant de bonté et de générosité. — Combien je sens vivement au fond du cœur que mes souffrances sont finies, que bientôt vont s’ouvrir devant moi les portes dorées d’une félicité céleste !

» J’aime les jeunes gens, poursuivit Prosper Alpanus, qui, ainsi que toi, mon cher Balthasar, ont un