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Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/203

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composé un bon morceau dans le style historique, quand tu as retracé d’un large coup de pinceau, et avec une fidélité analytique, l’histoire des amours du Rossignol pour la Rose purpurine, dont j’ai été le témoin oculaire. — C’est, en vérité, un charmant ouvrage. »

Prosper Alpanus se tut. Balthasar le regardait tout stupéfait en ouvrant de grands yeux : il ne savait que penser en effet en entendant Alpanus traiter de composition historique son élégie, qu’il regardait comme la conception la plus fantastique qui eût jamais inspiré sa veine.

« Il se peut, reprit Alpanus, dont un gracieux sourire vint éclairer le visage, il se peut bien que mes discours te causent quelque surprise. En général, tu dois trouver en moi maints sujets d’étonnement. Mais fais attention à une chose, c’est que je suis, au jugement de tous les gens raisonnables, un de ces personnages qu’on n’admet ordinairement que dans les contes bleus : et tu sais, cher Balthasar, que les individus de cette espèce ont le droit de faire et de dire toutes les folies imaginables, surtout quand au fond de tout cela il y a quelque chose qui n’est pas à dédaigner. — Mais poursuivons.

» Si la fée Rosabelverde s’est intéressée aussi vivement au difforme Cinabre, toi, mon cher Balthasar, tu es à présent tout-à-fait sous ma protection. Écoute donc ce que je suis décidé à faire pour toi : — Le magicien Lothos est venu me voir hier : il m’a apporté mille compliments, mais en même temps mille plaintes et doléances de la part de la princesse