Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/204

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Balsamine, qui s’est réveillée de son sommeil magique et soupire ardemment après ma présence, en berçant son amoureuse langueur des doux accords du Chartah-Bhade, ce poème divin d’où naquit notre première sympathie. Mon vieil ami aussi, le ministre Yuchi, m’appelle à lui par des signes amicaux du haut de l’étoile polaire. Il faut que je parte pour les régions les plus lointaines de l’Inde, et que je quitte ma charmante maison de campagne. Or, je ne veux la laisser en aucunes autres mains que les tiennes. Demain j’irai à Kerepes, et je ferai dresser un acte de donation formel, dans lequel je passerai pour ton oncle. Alors, quand le charme de Cinabre sera détruit par tes mains, si tu te présentes au professeur Mosch Terpin comme propriétaire d’une riche campagne et de revenus considérables en sollicitant la main de la belle Candida, il sera trop heureux de se rendre à tes désirs ; mais ce n’est pas tout encore ! —

» Si tu t’établis avec ta Candida dans ma maison de campagne, le bonheur de ton union est assuré. Les beaux arbres du parc masquent un potager qui produit tout ce dont on a besoin dans le ménage. Outre les fruits les plus exquis, il y pousse des choux de toute beauté, et généralement toutes sortes de légumes du goût le plus savoureux, et tels qu’on n’en trouve pas à cent lieues à la ronde. Ta femme mangera toujours la première salade et les premières asperges de tout le pays. La cuisine est disposée de façon à ce que les marmites ne débordent jamais, et qu’aucun plat ne puisse se gâter, quand même le