Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/205

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dîner serait retardé d’une heure. Les tapis, les garnitures des chaises, des sofas, sont d’une étoffe où il est impossible qu’une tache se produise, quelle que soit la maladresse des domestiques ; de même, aucune porcelaine, aucun verre ne s’y brise jamais, lors même qu’on y mettrait la volonté la plus expresse, et qu’on les jetterait sur le carreau le plus dur. Enfin, chaque fois que ta femme fera faire la lessive, le plus beau soleil luira sur le pré contigu à la maison, quand bien même il pleuvrait à verse et quand le plus violent orage éclaterait tout autour. Bref, cher Balthasar, tout est disposé de manière à ce que tu jouisses tranquillement, avec ta charmante Candida, du bonheur domestique le plus parfait.

» Mais il est bientôt temps que je retourne chez moi, et que je m’occupe activement, avec mon ami Lothos, des préparatifs de mon départ. Adieu, mon cher Balthasar ! »

Prosper Alpanus siffla à deux reprises, et aussitôt la libellule arriva en bourdonnant. Il la brida et s’élança en selle. Mais se trouvant déjà en l’air, il s’arrêta subitement et revint vers Balthasar.

« J’ai failli oublier ton ami Fabian, dit-il. Dans un mouvement d’humeur malicieuse, je l’ai trop durement puni de sa suffisance. Cette tabatière renferme ce qui doit le tirer d’embarras. »

Alpanus tendit à Balthasar une petite boite d’écaille polie et brillante que celui-ci serra dans sa poche avec le verre de lorgnette qu’il avait déjà reçu du docteur pour l’aider à désensorceler Cinabre.

Prosper Alpanus s’envola alors avec bruit à tra-