Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/211

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« À quoi donc peut m’être bon un pareil colifichet ? dit celui-ci, quelle influence une petite tabatière d’écaille peut-elle avoir sur la forme de mes habits ?

» Je n’en sais rien, répliqua Balthasar, mais mon cher oncle ne peut pas vouloir me tromper et ne te trompera pas ; j’ai la plus entière confiance en lui. Ainsi donc, mon cher Fabian, ouvre d’abord la tabatière, voyons ce qu’elle contient. »

Fabian ouvrit la boite, et il en sortit, en se déroulant, un frac noir supérieurement façonné, et du drap le plus fin. Les deux amis ne purent retenir une exclamation de surprise sans égale.

« Ah ! je te comprends, s’écria Balthasar avec enthousiasme, mon bon oncle, mon cher Prosper ! — Cet habit t’ira bien, et va détruire le fatal enchantement. »

Fabian s’empressa d’essayer le bel habit, et, comme Balthasar l’avait prévu, il allait à ravir, mieux qu’aucun de ceux qu’avait jamais possédés Fabian ; et quant au raccourcissement des manches ou à l’allongement des pans, il n’en était plus du tout question.

Transporté d’une joie sans égale, Fabian résolut de courir aussitôt chez le Recteur avec son habit neuf, pour aplanir toutes les difficultés. — Balthasar raconta à son ami tous les détails de son entrevue avec le docteur Alpanus, et comment celui-ci lui avait fourni les moyens de mettre un terme à l’affreux désordre causé par le vilain petit avorton. Fabian, qui était singulièrement changé en ce sens