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Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/213

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« L’influence magique de l’habit s’est admirablement confirmée, dit-il. Dès que j’entrai chez le Recteur, je le vis sourire avec satisfaction. — Ha ! me dit-il, je vois, mon cher Fabian, que vous êtes revenu de votre singulier égarement ! Eh ! des têtes volcaniques comme la vôtre se laissent facilement aller aux extrêmes ! Je n’ai jamais cru que votre conduite fût de l’exaltation religieuse… C’était plutôt un écart de patriotisme faussement compris ; du penchant pour l’extraordinaire appuyé sur l’exemple des héros de l’antiquité. — Ah ! parlez-moi de cela ! un aussi bel habit et aussi bien fait !… Heureux l’état, heureux le monde, quand des jeunes gens au cœur élevé portent de tels habits, avec des basques et des manches aussi bien séantes ! Restez fidèle, Fabian, à tant de sagesse, à une vertu aussi exemplaire : voilà la source du véritable héroïsme ! Le Recteur m’embrassa, pendant que des larmes d’attendrissement lui venaient aux yeux. — Je ne sais pas moi-même comment il arriva que je tirai la petite tabatière d’écaille d’où est sorti cet habit, et dans la poche duquel je l’avais mise. — Permettez ! dit le Recteur en avançant le pouce et l’index joints ensemble. Sans savoir s’il y avait du tabac, j’ouvris la boite : le Recteur y plongea les deux doigts, et, après avoir prisé, il me saisit la main et la serra avec force. Je vis les larmes couler sur ses joues : Noble jeune homme ! me dit-il, l’excellente prise !… Tout est pardonné et oublié : dinez aujourd’hui chez moi ! — Vous voyez, mes amis : toutes mes souffrances sont finies ; et si ce soir nous réussissons, comme