Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/237

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pathique très-complexe avec le système cérébral, et naturellement le cerveau reçoit une impression funeste des mêmes lésions dont les ganglions ont à souffrir. Or, n’est-ce pas l’action libre et normale du système cérébral, résultant de la concentration parfaite de mille rayons divergents en un foyer central, qui constitue la conscience et l’individualité ? N’est-ce pas dans la double activité des deux sphères, dans l’exercice simultané des systèmes ganglionaire et cérébral que consiste le phénomène de la vie ? — Eh bien, l’atteinte susdite troubla, pervertit chez le ministre les fonctions de l’organisme pensant. D’abord survinrent dans son esprit de sombres réflexions, l’idée pénible de voir méconnu le sacrifice qu’il s’imposait pour le bien de l’état, en gardant cet insigne aussi préjudiciable à sa santé, etc., etc. — Bref, cette influence nuisible acquit de jour en jour plus de gravité, jusqu’au moment où un désaccord total entre les systèmes cérébral et ganglionaire amena enfin une atrophie complète de la conscience, une démission absolue de la personnalité. Or, cette phase extrême, nous la désignons par le mot de mort. — Oui, très-gracieux seigneur ! déjà le sentiment du moi était annihilé dans le digne ministre Cinabre, et il était donc déjà raide mort, lorsqu’il tomba dans le vase fatal. Ainsi, sa mort n’a pas eu une cause physique, mais une cause psychique des plus abstraites.

» Premier médecin ! dit le prince avec humeur, voilà une demi-heure que dure votre bavardage, et je veux être damné si j’en ai compris une syllabe.