Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/238

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Que voulez-vous dire par cette distinction du physique et du psychique ?

» Le principe physique, reprit le médecin, est la condition de la vie purement végétative ; le psychique, au contraire, implique l’idée de l’organisme humain, dont le caractère essentiel et vital réside dans l’âme, dans la faculté de penser.

» Je ne vous comprends pas davantage, homme incompréhensible ! s’écria le prince au comble de la mauvaise humeur.

» Je veux dire, altesse, dit le médecin, que le physique ne s’entend que de la vie purement végétative, telle qu’elle a lieu dans les plantes, et abstraction faite de la faculté pensante, tandis que le psychique se rapporte aux fonctions de l’intelligence. Or, comme celles-ci prédominent dans l’organisme humain, c’est d’elles, de l’esprit que le médecin doit toujours s’occuper en premier lieu, en ne considérant le corps que comme un humble vassal de l’esprit, fait pour se soumettre dès que le maître le veut.

» Hoho ! s’écria le prince, hoho ! premier médecin ! n’allons pas si loin ! — soignez mon corps et laissez mon esprit tranquille. Celui-ci ne m’a jamais incommodé. En vérité, premier médecin, vous êtes singulièrement obscur ; et si je n’étais pas là près du cadavre de mon ministre, et livré à mon émotion, je sais bien ce que je ferais ! — Eh bien ! Chambellans ! répandons encore ici quelques larmes à l’intention du défunt ; et nous irons après nous mettre à table. »

Le prince mit son mouchoir sur ses yeux et san-